Proches et parents : force et solidarité face aux ACS

Cet été, le Centre Novas a offert un court groupe d’information et de soutien destiné aux proches et parents d’enfants qui ont vécu des agressions à caractère sexuel. En tant qu’intervenante au Centre Novas, ce fut un honneur pour moi de coanimer le groupe avec ma collègue Danielle et d’accueillir chaque parent dans leurs vécus du moment face à ces expériences difficiles que nous ne souhaitons à personne. Voici quelques mots sur mon expérience personnelle.  

*Prenez note que bien qu’il y eût un père présent dans le groupe (dont j’honore grandement la présence d’ailleurs!), la majorité étaient des mères, alors j’utiliserai le féminin dans ce texte pour parler des participantes du groupe.  

* ACS = diminutif d’agression à caractère sexuelle  

Tout d’abord, j’ai été sincèrement touchée et sensible à toute la souffrance que peuvent ressentir les parents de ces enfants qui ont vécu des agressions sexuelles. Le déchirement intérieur, la colère, la tristesse, l’impuissance, la culpabilité et même la honte qui peut émerger face à de telles situations. Ce qui a été bien présent également dans les sentiments partagés, et avec raison, fut l'indignation contre le système judiciaire qui, oui met des lois en place, mais qui lors de la mise en application de celles-ci, faille souvent de façon monumentale face aux victimes.   

Ces parents trouvent difficile non seulement de voir leurs enfants souffrir des impacts des ACS, mais aussi parce que leur lien avec eux en est fortement affecté. En effet, à la suite de ACS, les enfants peuvent ressentir beaucoup d’émotions et, étant occupés à gérer celles-ci, ils n’ont plus autant l’espace pour connecter avec leur parent... et cela a été une des choses que les participantes du groupe ont nommées qui était très difficile à vivre. Comme s’il y avait un certain deuil momentané à faire de la relation telle qu’elle était.  

En revanche, beaucoup de belles choses sont ressorties de ce groupe.  

Bien que chaque histoire était unique et bien différente les unes des autres (autant au niveau de l’âge de leur enfant et du contexte des agressions sexuelles), les participantes avaient toutes ce point en commun: un grand désir de soutenir leur enfant du mieux qu’elles le peuvent.  

Et croyez-moi, tous les parents que j’ai rencontrés dans ce groupe étaient toutes très présentes, à l’écoute, faisaient preuve d’une immense résilience, d’une débrouillardise incroyable pour trouver des ressources afin de soutenir leur enfant, d’un amour débordant, d’une patience infinie, d’une force intérieure inspirante et de tellement d’autres forces louables!  

Dès la première session, les parents ont quitté en mentionnant qu’ils se sentaient mieux. Premièrement du fait d’avoir pu partager sur leur expérience, mais aussi d’avoir entendu celles des autres liées au ACS (Disons que ce n’est pas le genre du sujet de conversation que nous pouvons avoir partout!). Le plus percutant pour les participantes a été de constater que, bien que les histoires étaient très différentes, les émotions vécues en lien au ACS, elles, sont souvent les mêmes. Elles se sont senties moins seules et cela leur a permis de ressentir un peu plus de compassion envers elles-mêmes et leurs émotions. 

Les participantes ont également témoigné que leur niveau de culpabilité auparavant ressenti avait diminué, qu’elles se sentaient mieux outillées pour supporter leurs enfants ainsi qu’elles-mêmes à travers ces expériences douloureuses. Car nous avons aussi abordé dans le groupe l’importance de prendre soin d’elles, même si elles sont en position d’aider leur enfant et de ne pas oublier leur propre souffrance, d’en prendre soin.  

Nous en parlons souvent dans les CALACS, et je le répète aujourd’hui, la réaction de l’entourage et comment celui-ci va soutenir les victimes fait toute la différence. Lorsqu'une chose aussi terrible arrive à notre enfant, nous ne pouvons pas changer le passé et, oui, ça restera toujours douloureux... mais souffrir seul ou souffrir dans les bras de ceux qui nous aime et que nous aimons... peut faire toute la différence lors de ces événements.  

C’est pourquoi je tiens à honorer et remercier du fond du cœur chacun des parents qui ont participé au groupe. Merci pour votre courage, pour votre résilience incroyable et l’inspiration de force que vous êtes. Merci d’être là pour vos enfants, beaux temps, mauvais temps, merci.  

Vous êtes admirables, vos enfants sont choyés de vous avoir à travers cette épreuve. 

Marie Demers

Intervenante -  responsable en intervention de groupe