Cinq hommes. Une victime. Une vidéo. Et une juge qui doute.
- calacs9
- 30 juil.
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Le 24 juillet dernier, la juge Maria Carroccia a rendu un verdict de non-culpabilité dans l'affaire des ex-joueurs d'Équipe Canada junior accusés d'agression sexuelle. Ce jugement envoie un message dangereux : que le consentement peut se négocier comme une clause de contrat, se prouver par une vidéo, se deviner à partir de quelques mots lancés au début d’une soirée. Il occulte les dynamiques de pouvoir, la peur, la confusion et la dissociation qui accompagnent trop souvent les agressions sexuelles.
Il nie l’essentiel : le consentement doit être libre, éclairé et constant. Et dans un contexte de peur, de pression ou d’intimidation, ce consentement n’existe pas.
Comme organisme féministe, nous dénonçons avec colère et indignation le jugement rendu dans l’affaire de London. Une fois de plus, le système judiciaire choisit d’ignorer la réalité des violences sexuelles. Une fois de plus, il choisit de croire au mythe du "bon agresseur" plutôt que d’écouter la parole courageuse d’une survivante.
Il faut le dire clairement : une vidéo n’est pas une preuve de consentement. C’est une mise en scène. Ce n’est pas une garantie. C’est un outil de contrôle.
Ce jugement remet en question la parole de la plaignante en s’appuyant sur des attentes inhumaines : Avoir une mémoire parfaite. Répondre avec calme et précision, malgré la peur, la honte, le traumatisme. Survivre à l’agression, puis survivre à la cour.
Le système judiciaire réclame des preuves impossibles, tout en empêchant ces preuves d’exister. Il exige des victimes qu’elles soient irréprochables, mais accorde le bénéfice du doute aux agresseurs.
Non, ce jugement ne reflète pas la justice. Il reflète une culture profondément enracinée dans le doute envers les victimes. Il reflète un système encore façonné par le pouvoir et les privilèges. Il démontre que le consentement reste mal compris.
Et il témoigne d’un mépris persistant pour l’expérience vécue des femmes et des survivant.e.s.
Tant que les agresseurs auront plus de crédibilité que leurs victimes, il n’y aura pas de justice.
Emily Hann



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