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Reprendre l'été, reprendre son corps

Et si cet été, on choisissait l’amour de soi plutôt que la haine de soi

Le mois de mai, souvent synonyme que l’été approche, génère avec lui, cette pression familière de se conformer au standard irréaliste que la société entretient envers le » corps parfait » ou bien idéale ». On se surprend à penser qu’il faut préparer notre corps pour la plage. Mais prêt pour quoi, exactement ? Pour être vu ? Pour être jugé ? Pour être validé par des standards absurdes ?  


Pourquoi "préparer son corps" veut-il dire régimes express, crèmes anticellulite hors de prix, séances d’épilation intensives ainsi que sports excessifs, comme si notre simple existence devait être corrigée et modifier avant d’avoir le droit de s’exposer au soleil ? 


Et si, pour une fois, on refusait cette pression ? Et si, au lieu de nous ‘’préparer’’, on s’acceptait ? Et si on profitait de l’été pour cultiver quelque chose de plus précieux que des abdos : l’amour de soi ? 

Chaque printemps, publicités, magazines et réseaux sociaux semblent se liguer ensemble pour nous rappeler que notre corps n’est pas encore « correct » et/ou prêt à exister. Trop poilu, trop flasque, trop blanc, trop gros, trop visibles sont tous des pensées qui nous obsèdent et qui tournent sans cesse dans notre tête. L’expression summer body » est devenue un mot-code pour dire : corps conforme, mince, jeune, lisse et sans défaut apparent.  


Mais pourquoi est-ce que cela dérange autant ? Pourquoi mon corps ne peut tout simplement pas exister comme il est ? Parce que l’industrie qui promue ce soi-disant »corps parfait » a tout intérêt à ce qu’on se sente toujours « à retoucher ». Un corps que l’on déteste est un corps qui consomme. Les standards corporels ne sont pas formés du jours au lendemain et n’ont aucune racine naturelle. Ils sont construits. Construits par l’histoire, par les normes patriarcales, par les logiques capitalistes, par les médias. 


Depuis des décennies, les corps sont scrutés, mesurés, sexualisés, disciplinés. Les médias, la musique, la mode et les réseaux sociaux diffusent en boucle un modèle unique et oppressant : jeune, blanche, mince, ferme, épilé, sans tache ni marque. Un idéal inaccessible, mais présenté comme un objectif légitime. Et pour l’atteindre ? Régimes drastiques, sport épuisant, chirurgie, filtres, retouches, silences honteux.  


Résultat : beaucoup de gens vivent leur corps comme un problème à corriger, plutôt qu’un espace à habiter. On se prive, on s’épuise, on culpabilise et on souffre, comme si notre valeur en dépendait. 


Je m'appelle Danielle. L'été dernier, j'ai pris la décision de ne plus épiler mes poils de jambes. Je voulais arrêter de consacrer mon temps, mon énergie et mon argent à l'épilation. En tant que femme poilue, cela demandait beaucoup d'efforts pour garder mes jambes nues. Au fil de l'été, lorsque les gens me voyaient, leurs regards se posaient sur mes jambes. Mon frère m'a même dit qu'il se sentait mal à l'aise. Ma mère m'a dit que je n'allais pas trouver un copain avec mes jambes poilues. J'étais embarrassée et gênée. Je ne me sentais ni belle ni propre. 


Pourtant, avoir des poils aux jambes est normal. Les hommes comme les femmes en ont. Il est temps d'accepter nos corps tels qu'ils sont. Je suis consciente que ce chemin n'est pas facile. Les normes sociales sont puissantes et les jugements, nombreux. Mais chaque petit geste vers l'acceptation de soi est une victoire.  


Je ne prétends pas que ce soit simple. Mais je crois qu'il est essentiel de commencer à accepter nos corps tels qu'ils sont, avec leurs poils, leurs imperfections, leurs particularités. Parce que nous sommes belles et dignes d'amour, peu importe la longueur ou la présence de nos poils. 


Ce témoignage n’est pas isolé. Dès qu’un corps sort de la norme, trop gros, trop vieux, trop poilu, trop vivant, il est pointé du doigt. Et l’été, cette pression devient insupportable, car on ne peut plus se cacher sous des couches de vêtements. 


Mais cette année, pourquoi ne pas faire autrement ? 


Et si on décidait que notre corps n’a rien à prouver ?  Et si on portait ce short, ce maillot, cette robe sans nous demander si « on peut se le permettre » ?  Et si on laissait nos poils respirer au soleil ?  Nos cicatrices briller dans la lumière ?  Nos ventres se détendre sur une serviette de plage sans s’excuser d’exister ? 


L’amour de soi, ce n’est pas toujours facile. Ce n’est pas un bouton magique. C’est un chemin. Mais c’est un chemin qui commence peut-être ici : en s’autorisant à exister pleinement. En choisissant la douceur plutôt que la critique. En parlant à son corps comme on le ferait à un.e ami.e.  


Emily Hann

Agente de communication

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