Les quatre étapes du processus émotionnel
Dernière mise à jour : 25 mai
Vivre une agression sexuelle est un évènement traumatique. On peut vivre une multitude d’émotions à la fois : tristesse, colère, honte, sentiment d’injustice, peur, ou au contraire, on peut avoir l’impression d’être « gelé » émotivement, d’être indifférente à ce qui se passe autour de nous jusqu’à ne plus être capable de ressentir d’émotions positives ou tendres pour nos proches. Bref, on se sent déconnecté de son monde émotionnel. Même si l'on peut avoir l’impression que de ne rien ressentir peut nous aider à surmonter les effets de l'événement traumatique, le fait de nier ou de minimiser ses émotions est non seulement inefficace, mais possiblement nuisible, car cela peut maintenir, et même aggraver les symptômes post-traumatiques. Cette déconnexion du monde émotionnel est le résultat d’un mécanisme de survie et de protection qui a été d’une grande utilité lors de l’agression, mais qui, à la suite de l’agression, peut devenir nuisible, lorsqu’on l'utilise de façon constante et automatique.
Même si nos émotions sont douloureuses ou souffrantes, elles ne sont pas dangereuses. Se couper de ses émotions et de ses sensations corporelles ne fera pas disparaître les émotions. Au contraire, elles resteront là à « mariner » quelque part en nous et agiront de façon sournoise.
Pour se relever d’un traumatisme, telle une agression sexuelle, il est important de comprendre ses émotions et de les accepter. Il peut être très difficile de se donner le droit de vivre ses émotions. Pour ce faire, voici quatre étapes pour faciliter la digestion de ce qui nous est arrivé :
1re étape : Es-tu capable d’être à l’écoute de ton corps ?
La première étape du processus émotionnel est l’écoute de notre corps. Le premier indice de nos émotions se retrouve bien souvent dans nos sensations physiques. C’est l’étape du « laisser ressentir ». Cette étape consiste à se connecter à son corps pour réaliser que l’on vit quelque chose au niveau émotionnel. Il s’agit donc de prendre contact avec les sensations corporelles associées à l’émotion. Il faut laisser monter les sensations physiques associées aux émotions, les laisser prendre leur place et essayer de les tolérer. Les émotions ne sont pas là pour rien, elles nous avisent qu’il y a quelque chose qui se passe en nous.
Par exemple : « J’ai une boule dans la gorge », « Je suis tendu dans les épaules », « J’ai un serrement au cœur », « J’ai la nausée », «J’ai les mains moites », etc.
2e étape : Es-tu capable d’identifier les émotions que tu vis ?
Cette étape demande à préciser le malaise et les sensations que l’on ressent et à identifier l’émotion présente
Par exemple : « J’ai une boule dans l’estomac parce que j’ai peur », « J’ai le menton qui tremble parce que je suis triste », « J’ai la nausée parce que je suis anxieuse », « Je suis tendu parce que je suis fâché », etc.
3e étape : Es-tu capable d’accepter cette émotion ?
À cette étape, il est important de se donner le droit de ressentir ses émotions. Es-tu capable d’accepter l’émotion qui t’habite sans te dévaloriser, sans te blâmer ou te critiquer? Es-tu capable de faire preuve de compassion et du respect envers toi-même et face à ce que tu vis?
Par exemple : « C’est normal que j’éprouve de la colère en ce moment », « J’ai le droit de me sentir triste et de pleurer », « Ce n’est pas un signe de faiblesse me sentir ainsi », etc.
4e étape : Es-tu capable d’exprimer tes émotions de façon adéquate ?
Après avoir ressenti, identifié et accepté les émotions, la dernière étape consiste à les exprimer. Il y a trois façons d’exprimer ses émotions :
1) Par la parole : « Je suis triste », « Ce que tu m’as fait hier m’a blessé », « Je suis fâché de la situation », etc.
2) Par l’émotion : Démontrer son état émotionnel ; pleurer, crier, rougir, trembler, bougonner, etc.
3) Par les comportements : Fuir certains endroits, casser un objet, écrire une lettre, journal créatif, faire du ménage, etc.
Il est important d’exprimer ses émotions dans le respect de soi et dans le respect des autres. Il est toujours sain d’exprimer ce que l’on vit, mais il est important de le faire d’une façon tout aussi saine.
Source :
Tiré du livre : Brillon, Pascale (2006). Se relever d’un traumatisme. Réapprendre à vivre et à faire confiance. Les Éditions Quebecor. Chapitre 7. Page 99 - 113.