top of page

La Violence dans les Médias :

calacs9

Redéfinir la Représentation des Femmes


La couverture médiatique des violences sexuelles joue un rôle crucial dans la sensibilisation du public à cette problématique et dans la manière dont elle est perçue au sein de la société. Les médias peuvent également façonner la manière dont certaines violences sexuelles sont mises en avant, ce qui influence les réactions sociales. La représentation des femmes dans les médias à un impact direct sur la perception de leur place dans la société, et le langage utilisé par les médias peut affecter une survivante bien après l’événement.  


Trop souvent, le viol est minimisé dans les récits médiatiques, étant décrit comme une simple "relation sexuelle", alors qu'il s'agit en réalité d'une agression sexuelle. Les préjugés sexistes et les cadres narratifs des médias contribuent à la mise en doute de la crédibilité des survivantes et à l'impunité des agresseurs. Une couverture médiatique inappropriée ne se contente pas de propager des mythes, des stéréotypes et des préjugés, mais renforce aussi les normes sociales qui favorisent la discrimination de genre, l’inégalité et la violence contre les femmes. Cela peut conduire à la normalisation de la violence, à la re-traumatisation des victimes, et à des manifestations des diverses formes d’oppression envers certains groupes. À l'inverse, une couverture médiatique responsable peut susciter des changements positifs dans les attitudes et comportements de la société, promouvoir des normes sociales égalitaires et respectueuses, et influencer les politiques publiques concernant l'inégalité de genre et la violence sexuelle. 


Face à ces enjeux, il est impératif de déconstruire ces représentations biaisées pour favoriser un discours plus juste et respectueux des victimes, transformant ainsi la manière dont la société aborde et réagit à la violence de genre. 


Comment alors déconstruire ces représentations pour favoriser un discours plus équitable et respectueux des victimes ?  


Le poids des mots : un enjeu crucial 

Les termes employés pour décrire une agression sexuelle jouent un rôle fondamental dans la perception du public. Des expressions telles que "présumée victime" ou "relations sexuelles forcées" atténuent la gravité de l'acte et suscitent des doutes sur la parole des survivantes. En utilisant des termes comme "survivante" ou "personne ayant subi une agression sexuelle", on recentre la responsabilité sur l'agresseur et on préserve l'autonomie de la victime. Il est crucial de ne pas valoriser l'agresseur en fonction de son statut socio-économique, car ce biais peut influencer la manière dont l’agression est perçue et jugée. 


Un autre piège courant est de focaliser la discussion sur des éléments non pertinents concernant la survivante : son habillement, son état d’ébriété, ses relations passées, ou sa situation professionnelle. Cette approche peut sous-entendre que la victime est responsable de son agression, voire qu’elle "l’a bien cherché". L’exploitation de ces détails détourne l'attention des responsabilités du système et de l’agresseur. 


Une mise en contexte essentielle 

Trop souvent, les médias traitent les violences sexuelles comme des événements isolés, sans les inscrire dans un contexte plus large de violence systémique. Cette approche réductrice empêche une réflexion plus profonde sur les racines sociales et culturelles des violences de genre. Un journalisme responsable devrait aborder la question dans un cadre qui inclut les inégalités de genre, les statistiques sur les agressions sexuelles, et le phénomène plus large de la culture du viol, qui contribue à normaliser ces violences. 


Un exemple frappant est l’étude comparant la couverture médiatique des femmes disparues ou assassinées dans différentes régions du Canada. Il a été révélé que les femmes autochtones recevaient trois fois moins de couverture médiatique que les femmes blanches, et que les histoires concernant les femmes trans et les personnes deux-Esprits étaient souvent complètement ignorées. Ce manque de représentation des communautés marginalisées dans les médias renforce l’idée que certaines vies valent moins que d'autres ou que certaines populations ‘’méritent’’ les agressions sexuelles vécues, et empêche la construction d’une réponse collective à la violence sexuelle. 


Les images : un vecteur de stigmatisation  

Les images utilisées dans les reportages sur les agressions sexuelles renforcent souvent des stéréotypes de victimisation. Les photos de femmes en pleurs ou d'ombres menaçantes contribuent à une perception négative des victimes, les réduisant à leur statut de victimes. Cependant, une représentation plus diversifiée et positive des survivantes pourrait non seulement déstigmatiser les victimes, mais aussi encourager davantage de femmes à témoigner. 


L’imagerie et les récits peuvent également involontairement suggérer un consentement de la part de la victime, ce qui est particulièrement problématique dans le cadre des agressions sexuelles survenues dans des environnements comme les écoles, où les dynamiques de pouvoir sont souvent ignorées dans la couverture médiatique. 


Exemple de phrases problématiques et de formulations à privilégier :  

  1. ❌ « Rencontre sexuelle qui tourne mal : une femme accuse son collègue de viol » 

    ✅ « Une femme porte plainte contre son collègue pour viol sur son lieu de travail » 


  2. ❌ « Présumée victime prétend avoir été attaquée en rentrant chez elle »

    ✅ « Une femme témoigne de l’agression qu’elle a subie en rentrant chez elle » 


  3. ❌ « Un joueur de football prometteur face à une accusation qui pourrait détruire sa carrière »

    ✅ « Un joueur de football accusé d’agression sexuelle fait face à la justice » 


  4. ❌ « Un politicien impliqué dans une affaire de comportement inapproprié » 

    ✅ « Un politicien accusé d’agression sexuelle par plusieurs victimes » 

 

À l’occasion de la Journée internationale des Femmes, le thème ‘’La force de Chaque Histoire’’ met en lumière l’importance de donner une voix à chaque survivante. Cela rejoint parfaitement le besoin de déconstruire les représentations médiatiques des violences de genre et d’encourager un discours plus inclusif et respectueux.  


La couverture médiatique des violences sexuelles doit évoluer pour refléter une compréhension plus profonde des problématiques de genre et pour respecter les survivantes. En déconstruisant les représentations biaisées et en utilisant des termes appropriés, les médias peuvent jouer un rôle central dans le changement des perceptions sociales et la lutte contre la violence de genre. Il est temps de privilégier une approche qui place les survivantes au centre du discours et qui incite à une prise de conscience collective des responsabilités sociales et individuelles.  


La force de chaque histoire, en particulier celle des survivantes, doit être célébrée et entendue pour que nous puissions progresser vers une société plus juste. 

Emily Hann

Agente de communication


Bibliographie 

Comentários


bottom of page