En ce mois de février, qui est perçu par plusieurs comme étant le mois de l’amour, le mois de l’intimité, même le mois de la sexualité, dû à l’image populaire que nous avons donnée à la fête de la Saint-Valentin, j’ai cru bon parler de la sexualité pour cette infolettre. Au CALACS, nous cheminons avec des femmes qui sont victimes d’agression à caractère sexuel. L’agression sexuelle est un type de violence faite aux femmes, où la sexualité est utilisée comme arme pour faire mal, contrôler et violenter la victime. Tout comme dans d’autres types de crimes, un outil, qui ne se veut pas à la base une arme, le devient. Par conséquent, à la suite d'une agression sexuelle, certaines survivantes peuvent avoir une image de la sexualité qui est différente et qui penche plutôt vers le négatif. La sexualité est maintenant perçue comme une activité qui est empreinte de dégoût, de flashbacks, de dissociation. Elle est vue comme quelque chose de mal, de violent et de douloureux. Ou encore, pour certaines, elles en arrivent à croire que la sexualité est une façon positive de recevoir amour et affection. Un apprentissage est fait, de façon consciente ou inconsciente, que d'avoir une sexualité très active, est preuve de reprise de pouvoir. Par contre, ceci peut devenir problématique, car on peut y oublier l'aspect du consentement clair, de la sécurité et de nos besoins et limites. La sexualité est aussi affichée dans les médias comme étant quelque chose qui est lucratif, pornographique et public. L’image erronée de la sexualité continue aussi avec l’hyper sexualisation de nos jeunes filles, la performance des hommes et l’objectivation sexuelle des femmes, ce qui apporte un énorme double standard dans notre société. Ce double standard est visible au niveau de la pornographie qui rend l’exploitation sexuelle des femmes acceptable et la violence des hommes tolérable. Ce double standard est visible au niveau des habitudes sexuelles des garçons et des filles qui à la base peut être les mêmes, mais du point de vue de la société, le premier est accepté et non le deuxième. Finalement, ce double standard au niveau de la sexualité, vient amplifier le statut de pouvoir des hommes et vient diminuer celui des femmes.
La sexualité, à la base, se veut une expérience à plusieurs niveaux qui est saine et positive. Prenons quelques lignes pour bien définir ce qu’est la sexualité saine. Plusieurs éléments vont venir compléter la définition.
« La sexualité :
- Ressentir et exprimer ses véritables sentiments.
- Créer et vivre l’intimité affective avec l’Autre.
- Vouloir connaître l’Autre.
- Avoir une relation durable.
- Ouvrir son cœur, son corps à l’Autre.
- Ce qui différencie le sexe de la sexualité, c’est l’intimité affective lors des rapports sexuels. » (Source : Motoi, 2008, p.83, tiré de : La femme, sa sexualité et son pouvoir sexuel : Programme d’appropriation de sa sexualité, Ina Motoi et Rose Dufour, p. 35)
À noter, que la sexualité est ici expliquée en relation avec une autre personne, mais la sexualité saine peut aussi se vivre seul. J’ajouterai aussi à ces éléments que la sexualité saine est unique. C’est-à-dire que chaque personne peut avoir sa définition, ses attentes et ses limites face à sa sexualité. L’important est que l’on se respecte soi-même et l’Autre, tout au long des relations. C’est ce qui viendra impliquer l’aspect « saine » de la sexualité.
À ce moment-ci, je vous invite à porter une réflexion sur votre définition de la sexualité. Comment définissez-vous le mot "sexualité" ? Est-ce que la sexualité et l’intimité, c’est la même chose ? Quels sont les apprentissages ou les expériences, au courant de votre vie, qui ont défini votre sexualité ? Si cela est un exercice difficile, je vous invite à communiquer avec votre intervenante, psychologue, ou autre, pour pousser la réflexion un peu plus loin.
Avant de nous quitter, je voudrais terminer cet article en vous rappelant vos droits au niveau de la sexualité. Une liste qui se doit d’être répétée et respectée en tout temps. Je voudrais aussi vous rappeler que même si selon sa popularité, le mois de février est le mois de « l’amour, de la sexualité et de l’intimité », en aucun temps vous devez vous sentir obligé d’entretenir ce type de relation. Vous avez le droit de dire OUI ou de dire NON à toute forme de relation sexuelle ou d’intimité, et cela même s’il s’agit du 14 février.
Chartes des droits sexuels
J’ai le droit de posséder mon corps, il m’appartient.
- J’ai droit au respect de mes sentiments, croyances, opinions et perceptions.
- J’ai le droit d’avoir confiance dans mes valeurs au sujet des rencontres sexuelles.
- J’ai le droit d’établir mes limites sexuelles.
- J’ai le droit de dire non.
- J’ai le droit de ressentir du plaisir sexuel.
- J’ai le droit de m’affirmer sexuellement.
- J’ai le droit d’initier les contacts sexuels.
- J’ai le droit de maîtriser mes expériences sexuelles.
- J’ai le droit d’avoir un/une partenaire aimable.
- J’ai le droit d’avoir mes préférences sexuelles.
- J’ai le droit d’avoir un/une partenaire qui me respecte, me comprend, et qui veut communiquer avec moi.
- J’ai le droit de poser des questions.
- J’ai le droit de recevoir l’information exacte relativement à la sexualité.
(Source : La force de s’affranchir, Johanne Ouimette, p. 226)
Julie Delorme,
Intervenante
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