La violence fondée sur le sexe touche de façon disproportionnée différents groupes de femmes et de filles, révélant la nécessité de dépasser la simple élimination des inégalités entre les sexes. Il suffit de déconstruire les oppressions vécues par différentes identités sociales pour aborder ce problème de manière globale et efficace. Pendant de nombreuses années, le féminisme était perçu comme un mouvement spécifiquement réservé aux femmes blanches de la classe moyenne. Cette dynamique a conduit à l’exclusion de nombreuses femmes racisées, qui se sont retrouvées à la fois exclues du mouvement féministe en raison de leur couleur de peau et du mouvement noir en raison de leur identité de genre. Ayant vécu cette double exclusion, Kimberlé Crenshaw a articulé le concept d’intersectionnalité. Elle soutient que pour comprendre la réalité d’une femme noire, il est nécessaire d’analyser la race et le genre non pas comme des facteurs isolés, mais comme des identités sociales interconnectées qui contribuent ensemble à créer une oppression unique.
L’intersectionnalité permet de décortiquer la manière dont les multiples identités d’une personne – qui peuvent inclure la race, le genre, le statut socio-économique, l’orientation sexuelle et d’autres dimensions – interagissent pour créer des expériences distinctives de violence sexuelle. En utilisant ce concept, nous pouvons mettre en lumière les dynamiques complexes auxquelles sont confrontées les femmes des groupes marginalisés face à la violence fondée sur le sexe. Chaque identité apporte ses propres défis et contextes, influençant non seulement la vulnérabilité à la violence, mais également les réactions des systèmes sociaux et juridiques envers les victimes.
Les femmes noires, en particulier, sont souvent jugées à travers des lentilles de stéréotypes qui minimisent la crédibilité de leurs témoignages. Les préjugés raciaux, ancrés profondément dans nos cultures, compliquent également leur quête de justice après avoir subi des agressions sexuelles. Les femmes autochtones, quant à elles, figurent parmi les plus touchées par la violence à caractère sexuel, souvent en raison d'un héritage historique de colonialisme et de politiques gouvernementales néfastes. Pour ces femmes, l'exposition à la violence est généralement le résultat d'un contexte de pauvreté, d'isolement géographique et d'un accès limité aux services essentiels. Les femmes issues de milieux défavorisés peuvent se trouver dans des situations d'extrême vulnérabilité, où le manque de ressources économiques entrave leur capacité à fuir des environnements violents. De plus, leur accès aux services de santé, aux recours juridiques ou à un soutien psychologique peut être considérablement réduit.
Utiliser l’intersectionnalité pour comprendre mes propres privilèges et les oppressions

Parfois il est difficile de prendre le temps de bien réfléchir sur notre propre positionnement social pour bien saisir comment notre réalité peut être différente aux personnes qui nous entourent. C’est pour cette raison que je propose un exercice d’autoréflexion.
Identification de mes identités :
Commencez par dresser une liste des traits d’identité qui vous définissent (Genre, race/ethnicité, classe sociale, orientation sexuelle, religion, capacité, âge, nationalité, etc.)
Exploration du Privilège
Exploration de l’Oppression
Intersections des Identités
Impact social et responsabilité
En conclusion, la violence fondée sur le sexe souligne l’urgence d’adopter une approche intersectionnelle afin de comprendre les réa
lités complexes des femmes et des filles, en particulier celles provenant de groupe marginalisé. Cela implique non seulement de reconnaître les privilèges que nous pouvons avoir, mais aussi de nous engager dans une autoréflexion profonde sur nos propres expériences d’oppressions. En comprenant comment nos identités interagissent, nous pouvons mieux saisir la complexité des injustices sociales et leur impact sur les autres.
Emily Hann
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